Depuis septembre 1944 et la libération, les villages frontaliers ont été vidés de leurs civils. Cette mesure a été prise dans leur intérêt et pour leur sécurité. La région aurait pu à nouveau redevenir une zone de combat.
Seules quelques personnes ont été autorisées à rester dans la région pour s'occuper de leur bétail. C'est le cas de Marguerite Linden-Meier qui a été enlevée par une patrouille allemande. Elle a été interrogée sur la présence et les installations américaines dans la région de Vianden. "Nous étions tous tellement surpris que nous ne pouvions pas dire un mot", se souvient-elle. "Bivels est un no man's land ; aucun civil n'est plus autorisé à y pénétrer", leur explique un soldat allemand alors qu'ils poussent les civils hors de leur maison en direction de l'Our. On leur a fait traverser l'Allemagne, en montant jusqu'à Bauler, et en passant par des ponts de fortune où ils ont été emmenés dans un bunker pour y être interrogés.
Plus tard, ils ont été emmenés à Bitburg. Les jours suivants jusqu'à Kyllburg pour y subir d'autres interrogatoires musclés. C'est alors que Marguerite reconnaît avec horreur un sinistre fonctionnaire nazi de la Gestapo qui avait semé la terreur dans le district de Diekirch avant la libération américaine.
Par chance, elle a pu séjourner chez une famille de fermiers allemands (qu'elle connaissait avant la guerre), qui l'a aidée à s'enfuir par les rives de l'Our qu'elle avait traversées.
Une fois en sécurité, elle se rendit immédiatement auprès de la résistance luxembourgeoise, puis des autorités américaines. Elle les informa de ce qu'elle a vécu et qu'elle a vu de nombreux véhicules allemands, des pièces d'artillerie, des tonnes de matériel et des centaines de soldats près de la frontière. Elle a même été emmenée au quartier général américain supérieur pour un interrogatoire plus approfondi. Elle déclara plus tard "il semblait qu'ils ne nous croyaient pas vraiment".