Lee Miller est une figure aux multiples talents. Elle a brillé comme mannequin renommé, journaliste de mode, pionnière du mouvement surréaliste et, avant tout, comme photographe talentueuse et respectée. Son travail intense, documentant sans concession les conflits de la Seconde Guerre mondiale, reste emblématique. Elle fait partie des rares à avoir capturé les horreurs des camps de concentration de Dachau et Buchenwald après leur libération. Bientôt, le film "Lee" d'Ellen Kuras retracera son parcours exceptionnel, avec Kate Winslet, actrice oscarisée, dans le rôle principal.
De ses débuts à la photographie
Née le 23 avril 1907 à Poughkeepsie, New York, Lee Miller s'initie à la photographie et au mannequinat, inspirée par la passion de son père pour la photographie. En 1925, elle part à Paris étudier la mode et l'art avant de revenir aux États-Unis, explorant théâtre et peinture. Sa rencontre fortuite avec Conde Nast, rédacteur en chef de Vogue, sur les pavés de Manhattan, la propulse sur les couvertures du magazine, faisant d'elle l'un des mannequins les plus en vue de New York.
Son intérêt pour la photographie grandissant, elle revient à Paris en 1929 où elle rencontre l'artiste et photographe Man Ray. Devenue sa muse, sa collaboratrice et compagne, elle plonge dans le surréalisme, jouant avec lumière et ombre, et entame un travail sur l'auto-portraits.
Chroniqueuse de la Seconde Guerre mondiale
Après des séjours aux États-Unis et en Égypte, elle s'installe en Angleterre avec le peintre britannique Roland Penrose, qu'elle épousera par la suite. Avec la guerre qui éclate, Miller photographie des événements historiques tels que le "Blitz" en 1942. Ses clichés des bombardements en Angleterre servent de matériel de propagande pour inciter les États-Unis à rejoindre l'effort de guerre. Persuadant Vogue de la dépêcher comme correspondante photojournaliste, elle multiplie les reportages pour le magazine. En 1942, elle est accréditée photographe officielle de l'armée américaine, sillonnant l'Europe en guerre.
En tant que correspondante américaine, elle couvre les événements majeurs de la libération européenne, comme la libération de Paris ou la bataille d'Alsace. Elle immortalise aussi les horreurs des camps de Buchenwald et Dachau. Une de ses photos les plus mémorables, prise avec le photographe David E. Sherman, la montre dans la baignoire d'Hitler à Munich, le jour même où il met fin à ses jours à Berlin.
Après-guerre
À la fin de la guerre, Miller poursuit sa collaboration avec Vogue, couvrant la mode et les célébrités. Cependant, elle est hantée par les atrocités vécues, développant un syndrome post-traumatique. D'après sa famille, elle décline souvent les sollicitations des médias souhaitant mettre en avant son œuvre. Comme le confiera plus tard sa petite-fille, Ami Bouhassane : "Elle souhaitait tourner la page. Oublier." Lee Miller décède en 1977, emportée par un cancer à l'âge de 70 ans.
Des années après sa disparition, son héritage demeure inestimable. Bien que réticente à la publicité de son vivant, son œuvre est redécouverte lorsque son fils, Antony Penrose, trouve plus de 60 000 négatifs dans leur maison. Aujourd'hui, une grande partie est accessible sur le site des Archives Lee Miller (www.leemiller.co.uk).
Le film à venir, "Lee", basé sur "Les Vies de Lee Miller", livre écrit par son fils en 1985, sera un hommage à son travail et œuvre exceptionnels. Ellen Kuras, la réalisatrice, et Kate Winslet, incarnant Lee Miller, salueront le travail remarquable de cette femme, à la fois photographe, correspondante de guerre, mais surtout, un être humain extraordinaire.