24 janvier 2025
Rudolf Böhmer : L'histoire inédite de la survie d'un jeune homme sinti pendant l'Holocauste
Rudolf Böhmer n'était qu'un jeune homme lorsque sa vie a été bouleversée. En tant que membre de la minorité ethnique Sinti, il appartenait à une communauté longtemps victime de préjugés et d'exclusion en Europe. Sous le régime nazi, cette discrimination s'est transformée en génocide, les Sintis et les Roms étant systématiquement pris pour cible dans ce que l'on appelle aujourd'hui le Porajmos, ou « la dévoration ».
En 1942, Heinrich Himmler a ordonné la déportation des Sintis et des Roms vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Les parents et les trois sœurs de Rudolf ont été emmenés dans le nouveau « camp des familles tsiganes », où ils ont été assassinés. En mai 1944, des agents de la police judiciaire ont poursuivi et arrêté Rudolf, alors âgé de 15 ans, et l'ont déporté dans le même camp, où il a appris le sort réservé à sa famille.
Après la liquidation du camp familial à Auschwitz, Rudolf a été envoyé au camp de concentration de Buchenwald avec des centaines d'autres hommes et garçons sintis et roms, pour servir de travailleurs forcés. Mais même là, il était considéré comme sacrifiable. Quelques semaines plus tard, les SS l'ont renvoyé à Auschwitz, où la plupart de ses compagnons ont été assassinés dès leur arrivée. Rudolf est l'un des rares à avoir survécu, bravant les obstacles qui se dressaient contre son peuple.
Au début de l'année 1945, Rudolf a été transféré au camp de concentration de Flossenbürg, en Allemagne, pendant les derniers mois chaotiques de la guerre. Alors que les nazis forcent les prisonniers à participer aux marches de la mort, Rudolf saisit l'occasion de s'échapper et de trouver la liberté.
Après la guerre, Rudolf Böhmer a cherché à reconstruire sa vie, mais la discrimination à l'encontre des Sintis et des Roms dans l'Allemagne d'après-guerre s'est avérée insurmontable. Comme tant d'autres survivants de sa communauté, Rudolf s'est heurté à des barrières systémiques, à des préjugés et à un manque de reconnaissance des souffrances qu'il a endurées. Rudolf Böhmer est décédé à l'âge de 40 ans. Sa vie témoigne de sa résilience, mais aussi de l'impact profond de générations de marginalisation.
L'animation fait partie du projet Persecution Through Their Eyes et est le résultat de la collaboration avec l'école d'art et de design St. Joost à Den Bosch et Breda.